Le jeudi 11 et vendredi 12 novembre s’est déroulée la cinquième édition du colloque annuel de Bitola pour la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale intitulé « Histoire, art, mémoire et réconciliation ». Cet événement est le fruit d’une collaboration entre l’Université « Saint Clément d’Ohrid » de Bitola, où s’est tenu le colloque, l'Institut français, l’ambassade de France en Macédoine du Nord et l’Association Européenne pour la démocratie locale - ALDA.
Ce rendez-vous vise à réunir divers spécialistes et chercheurs afin de proposer une plateforme où aborder les événements du passé et promouvoir les valeurs qui en sont ressorties.
Dans la soirée de jeudi, a eu lieu la diffusion du film « Se souvenir » du réalisateur macédonien Robert Jankuloski qui s’est penché sur l’histoire d’un docteur germano-suisse sur le Front d’Orient. S’en est suivi avec la journée de vendredi qui a été ouverte avec les discours des ambassadeurs d’Allemagne et de France, S.E. Ante Holstein et S.E. Cyrille Baumgartner ainsi que de celui de la présidente d’ALDA Skopje Katica Janeva. A travers leurs courtes interventions, ils ont rappelé l’importance du devoir de mémoire et de sa transmission, mais aussi la nécessité de la tenue de tels événements promouvant les collaborations régionales et les valeurs européennes.
Le premier panel du colloque intitulé « Le Front d’Orient, mémoire et source d’inspiration » s’est porté sur différents projets qui ont eu lieu en Macédoine du Nord et dans la région. Stéphanie Trouillard, reporter chez France 24, nous a présenté le cimetière français de Bitola à travers son parcours où elle y a retrouvé un grand-oncle, et parle ainsi de « lien indéfectible entre les pays et les familles ».
S’en est suivi avec une présentation d’Aleksandra Kolakovic, professeur à l’Université de Belgrade, sur le réveil de la mémoire et comment sont utilisés les éléments du passé en Serbie où « la culture du souvenir a été discontinue et perturbée, mais jamais oubliée ».
Tout en illustrant l’importance des collaborations régionales, Iljo Trajkovski professeur de lycée à Bitola et Eric Allart ancien archéologue et maintenant professeur de lycée à Caen, ont présenté le fruit de leurs travaux avec leurs élèves. Ils ont ainsi réalisé 12 expéditions dans les alentours de Bitola et créé un jeu vidéo « Réveil Brutal » sur la vie des soldats du Front d’Orient. Robert Jankuloski, professeur à l’Université des arts audiovisuels « Europa Prima » de Skopje, a lui présenté ses photos sur les artefacts de la Grande Guerre restés en Macédoine du Nord.
Le premier panel s’est ainsi terminé sur les interventions de Dalibor Jovanovski professeur d’histoire à la faculté de philosophie de Skopje et de Sébastien Botreau-Bonneterre expert technique international et juriste. Ils y ont abordé les problématiques contemporaines rencontrées dans les Balkans, comme la sensible adhésion de la Macédoine du Nord à l’Union Européenne et les politiques post-conflit.
Dans l’après-midi, le second panel « Mémoire et réconciliation », a appelé à la réflexion sur la complexité du processus de réconciliation entre les états et les peuples. Olivier Guez, écrivain et prix Renaudot 2017 a présenté son livre « La disparition de Josef Mengele », ancien criminel nazi échappé en Argentine.
Enfin, les différents enjeux de l’élargissement de l’Union Européenne aux restes des pays des Balkans et la complexité de ce processus d’intégration ont été abordés par le doyen et la vice-doyenne de la faculté de droit à l’université de « Saint Clément d’Ohrid » à Bitola, Goran Ilikj et Elena Tilevska Kechegi. Et cela, complété par l’intervention de Guillaume Javourez post doctorant en études des frontières à l’Université de Lorraine.
Plus tard dans la soirée, le colloque s’est finalement clôturé avec la diffusion d’une autre réalisation de Robert Jankuloski, le documentaire « Manaki : une histoire en image ».
Le colloque a été organisé par l’Institut français avec en coopération avec l’Université « Saint Clément d’Ohrid » de Bitola, l’ambassade de France et l’Association Européenne pour la démocratie locale – ALDA et financé par le programme « Normandie pour la Paix » de la Région Normandie.